Vendredi, 17 mai 2024
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    Les tortues ou quand le temps est venu…

    Après Hors les murs et Je suis à toi, le réalisateur belge David Lambert, habitué de Montréal, revient Les Tortues, qui propose à nouveau une histoire d’amour entre hommes avec une twist. Cette fois-ci il est question du divorce comme manière de pimenter son couple. Vous aurez compris qu’il s’agit d’une comédie.

    Henri et Thom vivent ensemble à Bruxelles et filent le parfait amour, enfin en apparence. Le film commence au premier jour de retraite d’Henri. Ancien policier, il quitte ce métier de passion pour retrouver la douceur du foyer. La douceur et l’ennui, l’incommensurable ennui. Alors oui, Thom, son époux depuis plus de 35 ans, est aux petits soins. Oui, Thom mitonne des petits plats, s’inquiète de sa santé et de sa forme, le couve et l’entoure. Mais les jours se suivent et se ressemblent cruellement pour Henri, qui sombre très vite dans une sorte d’apathie qu’il tente de combattre… en s’inscrivant sur des applications de rencontre.

    Vous aurez compris que depuis qu’Henri a pris sa retraite de policier, rien ne va plus. Ses journées sont fades et interminables, ses sentiments pour Thom s’estompent un peu et la maison du couple est devenue un vrai champ de bataille. Mais toujours amoureux, Thom est prêt à tout pour raviver la flamme et sauver leur couple, quitte à demander lui-même le divorce…

    Le film de divorce est presque un genre à part entière, surtout si on élargit le spectre aux comédies du remariage qui ont fait la gloire du cinéma hollywoodien (on n’a qu’à se rappeler le film de Danny de Vito, La guerre des Rose, avec Michael Douglas et Kathleen Turner).

    Les Tortues relève de ce type de comédie, avec un goût prononcé pour la mise en scène des petites mesquineries que chacun met en place quand il s’agit de défendre son «son espace». Dans Les Tortues, les deux hommes se chamaillent, ronchonnent, se plaignent, traversent des moments vraiment tragiques, voire tristement cruels, mais le film laisse place à la légèreté, à la douceur, à la tendresse et se concentre sur la vie émotionnelle des personnages, en nous faisant partager des moments intimes avec eux. Ce qu’interroge David Lambert ici, c’est aussi la possible fin de l’amour quand survient le cap difficile de la retraite. S’aimer de loin, quand chacun est dans la vie active, c’est une chose. Mais s’aimer de près, quand on doit soudain se supporter vingt-quatre heures sur vingt-quatre, c’en est une autre. Des sujets assez communs, en somme, mais qui prennent une tournure presque subversive quand on jette un œil à leurs protagonistes.

    Pour incarner le couple — Les Tortues — au bord de la crise de nerfs, pour jouer sa Guerre des Rose, le réalisateur David Lambert a choisi de s’appuyer sur deux hommes — Olivier Gourmet et Dave Johns — deux comédiens qui, chacun à leur manière, incarnent un pan du cinéma social européen, et qui comptent à leur filmographie plus de figures de travailleurs et de bons pères de famille que d’amoureux sur le retour. Et soudain, le sujet n’est plus si anodin. Il est clair qu’avec ce choix de casting —mais aussi le milieu queer et bruxellois dans lequel gravitent les personnages —, c’est notre regard sur les masculinités que David Lambert interroge, ainsi que sur l’homosexualité, non pas en cette période flamboyante de la jeunesse, mais sur l’étendue d’une histoire d’amour qui a le temps de s’essouffler.

    Avec doigté, le cinéaste belge explore la question du couple et de l’amour queer avec un regard doux-amer sur la difficulté d’aimer très longtemps et d’être aimé.

    INFOS | LLes tortues de David Lambert., à l’affiche en salles dès le 26 mai.
    https://www.lesfilmsopale.com

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